Portraits d'Actrices

ANN HARDING

 07/08/1902 - 01/09/1981

Dorothy Walton Gatley, née le 7 août 1902 à Fort Sam Houston au Texas, bénéficie d'une éducation de qualité au prestigieux collège Bryn Mawr, tout comme Katharine Hepburn quelques années plus tard.

Attirée très jeune par le théâtre, elle fait ses débuts à Broadway en 1921.

Son premier grand succès arrive avec "Tarnish" en 1923, suivi d'un autre triomphe dans "The Trial of Mary Dugan".

Avec l'avènement du cinéma parlant en 1929, le studio Pathé à New York fait appel à elle pour "Paris Bound" (E.H. Griffith), une adaptation d'une pièce de Philip Barry, aux côtés du jeune Fredric March qui fait également ses débuts au cinéma.

Pathé fusionne ensuite avec Radio Pictures pour devenir la RKO.

Ann Harding devient l'une de leurs principales stars, avec un salaire de 6000 dollars par semaine en 1931, faisant d'elle la sixième actrice la mieux payée à Hollywood.

Pour son deuxième film, Pathé la prête à Samuel Goldwyn pour "Condemned" (1929, W. Ruggles), qui s'avère être l'un de ses meilleurs films sous la direction experte de Wesley Ruggles, avec Ronald Colman et Louis Wolheim.

Forte de ces succès, Pathé la fait jouer de nouveau sous la direction d'Edward H. Griffith dans une autre adaptation de Philip Barry : "Holiday" (1930).

Malgré une mise en scène plutôt statique, Ann confère au personnage de Linda Seaton une profondeur dramatique remarquable.

Ann Harding a joué dans de nombreux mélodrames, ce qui a finalement nui à sa carrière.

En 1931, elle a joué dans "East Lynne", réalisé par Frank Lloyd, un film dont il ne reste aujourd'hui que des fragments, la dernière bobine ayant été perdue.

Aux côtés de Clive Brook et Conrad Nagel, elle interprète Lady Isabella, luttant vaillamment contre les rumeurs qui la calomnient en tant que femme adultère.

En 1932, elle joue dans sa troisième adaptation d'une œuvre de Philip Barry, "The Animal Kingdom", produit par le jeune David O. Selznick.

Elle y retrouve Leslie Howard et Myrna Loy, dans une comédie sophistiquée où elle parvient à reconquérir Howard face à une Loy très manipulatrice.

Dans "Double Harness" (1933), elle est à l'affiche avec William Powell.

Dans "The Right to Romance", elle incarne une chirurgienne esthétique partagée entre un playboy interprété par un Robert Young peu convaincant et son collègue charismatique, Nils Asther.

Cela marque le début d'une série de rôles où elle est une femme indépendante, maîtresse de son destin.

Un exemple marquant est "Biography of a Bachelor Girl" (1935), avec Robert Montgomery, Edward Everett Horton et Una Merkel, une production MGM desservie par un scénario absurde qui peine à dépeindre la célibataire du titre comme une femme rangée après de multiples aventures sentimentales, hésitant entre la portraiturer comme une véritable aventurière ou une artiste mécomprise, illustrant ainsi les ravages de l'autocensure.

Sa popularité décline dangereusement au box-office.

Elle choisit de quitter l'Amérique à cette période pour accompagner son second époux, le chef d'orchestre Werner Janssen, et se consacre au théâtre.

La RKO échoue à adapter sa carrière à l'instauration du code de censure. D'autres actrices de mélodrames, comme Claudette Colbert et Irene Dunne, s'en sortent mieux en se réorientant vers la comédie loufoque émergente.

Elle ne fera son retour au cinéma que dans les années 40, en tant qu'actrice de soutien.

Par exemple, dans "Eyes of the Night" (1942, F. Zinnemann), un modeste thriller de série B, elle partage l'affiche avec Edward Arnold.

Toujours élégante et distinguée, ses possibilités de démontrer son talent sont limitées dans ce film à petit budget.

Ann Harding représente une figure atypique du Hollywood des années 30, une anti-star qui esquive les feux de la rampe et la publicité.

Sur les plateaux, elle ne se considère jamais comme 'une star' et assiste ses jeunes collègues inexpérimentés.

Deux étoiles sur le Walk of Fame d'Hollywood Boulevard lui rendent hommage, l'une pour sa contribution au cinéma, l'autre à la télévision.