Portraits d'Actrices

Portraits d'Actrices

ANOUK AIMEE

Anouk Aimée
27/04/1932

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Elle fut une véritable enfant de la balle, fille des comédiens Henry Murray (décédé en 1981) et Geneviève Sorya (décédée en 2008) et petite-fille de Lucien Rozenberg et Madeleine Soria, profondément attachés au théâtre.
 
Nicole Françoise Florence Dreyfus, de par son père d’origine juive, naît au domicile familial à Paris (17ème) le 27 avril 1932. Dreyfus, un nom célèbre, mais difficile à porter surtout lorsqu'on est adolescente et qu'un danger permanent venu d'outre-Rhin vous oblige à vous réfugier dans une semi clandestinité.
Difficile à porter lorsqu'en plus sa mère est arrêtée à la ligne de démarcation par les Allemands, puis emprisonnée et torturée.
 
Nicole, dénoncée par ses condisciples de classe auprès d’un soldat de la Wehrmacht au sortir de son école de la rue Milton au pied de Montmartre, tremble, pleure, alors que celui-ci la reconduit chez ses grands-parents sans aucune explication.
 Étonnée, mais soulagée par ce mystérieux comportement, elle finit par comprendre qu’elle vient d’échapper de justesse à son arrestation. Il n'empêche, il faut impérativement quitter Paris; aussi sera-t-elle bien vite accueillie par ses parrain et marraine charentais, plus exactement de Barbezieux, lesquels la protégeront sous le véritable nom maternel de Durand.
 
De plus, baptisée catholique, cela lui évita de porter l’étoile jaune. Par la suite, ayant rejoint sa mère dans la zone dite libre, elle entra dans un pensionnat de Bandol, s'appliqua
à des cours de danse à Marseille, et par la suite, poursuivit des études secondaires à Megève et en Angleterre. Son premier film, «La maison sous la mer» (1946), qu'elle tourna sous la direction d’Henri Calef, lequel l'avait remarquée à la sortie d'un cinéma des Champs-Élysées. Longue jeune fille brune à la silhouette de tanagra, elle avait tout juste 14 ans. En paraissait plus. Déjà secrète. Déjà frémissante de sensibilité… Séduit, le réalisateur lui offrit un petit rôle, celui d'une fille d'auberge timide et retenue prénommée Anouk
L'année suivante, elle impressionne Marcel Carné  et Jacques Prévert  qui la retiennent pour «La fleur de l'âge» (1947), lui offrant même son premier baiser de cinéma. Hélas, le film resta inachevé.
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À cette époque, également tombé sous le charme de cette gracieuse sylphide, Jacques Prévert en fait sa filleule et complète son nom en lui accolant tout naturellement "Aimée". Le poète-scénariste tient à son actrice. Associé cette fois à André Cayatte, il persuade celui-ci de l'engager pour le rôle de la Juliette moderne doublant l’actrice (Martine Carol) dans «Les amants de Vérone» (1948), une transposition du drame shakespearien se déroulant dans les milieux cinématographiques. Anouk s'y révèle parfaite, sa consécration immédiate : Prévert avait raison.
 
En février 1949, pour la Saint-Valentin, elle n'a pas encore 17 ans lorsqu'elle se marie avec Édouard Zimmermann, un industriel parisien bien plus âgé dont elle divorcera deux ans plus tard. Anouk Aimée attire l'attention d'un éclaireur de la Rank et passe des plateaux français à ceux de Pinewood à Londres, complétés d'extérieurs en Tunisie pour «La salamandre d'or» (1950) qui sera récompensé d’un prix au Festival de Locarno.. Bien acceptée des critiques ceux-ci feront part d'idylles tantôt avec Ronald Neame, son réalisateur, tantôt avec Trevor Howard, son partenaire. Façon intelligente de perfectionner davantage son anglais…
Toutefois, dès son retour à Paris, Nico Papatakis, patron de "La Rose Rouge" lui ouvre les portes de son cabaret à Saint-Germain-des-Prés, riche de fréquentations très ponctuelles des emblématiques Prévert, Picasso, Jean Genet, Jean-Paul Sartre, ainsi que de Jean Cocteau  qu’elle retrouve encore au "Café de Flore" ou aux "Deux Magots". Le 21 juillet 1951, elle épouse son beau Nico à la mairie du 6ème arrondissement. Il sera le père de son unique enfant, sa fille Manuela.
Alexandre Astruc, la dirige à deux reprises, dans «Le rideau cramoisi» (1952), son moyen-métrage qui obtint le Prix Louis-Delluc, et trois ans plus tard «Les mauvaises rencontres» (1955) où, en journaliste ambitieuse, elle retrouve et s’accroche à Jean-Claude Pascal, directeur d'un grand quotidien. La nouvelle décennie s'ouvre avec «Le farceur» (1960), un marivaudage amusant. Mais 1960, c'est surtout la rencontre avec Jacques Demy, «Lola» (1960) et… des producteurs réservés, peu enclin à l’enthousiasme de leur réalisateur qui parviendra toutefois à les convaincre.
Guêpière, bas noirs, talons noirs, haut de forme et boa, Demy lui sculpte tout en délicatesse l'attachant personnage d'une chanteuse de cabaret paumée.
Enfin, Federico Fellini, la sublime, en riche névrosée romaine au volant de sa Cadillac décapotable sur la via Veneto pour «La dolce vita» (Palme d'or à Cannes 1960).
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Pour «Huit et demi» (1964), perruque courte et lunettes aux verres clairs, il la transforme en épouse jalouse de Marcello Mastroianni
Anouk Aimée est invitée à Deauville par un Claude Lelouch  encore méconnu. Passionné, nerveux, précis, caméra à l'épaule, il en fera sa vedette pour «Un homme et une femme» (1966).
Succès international immédiat, aux 47 récompenses, parmi elles les prix, la Palme d'or 1966 au Festival de Cannes, le Grand Prix de l'Office Catholique, l'Oscar du meilleur film étranger à Globe de la meilleure actrice de cinéma, ainsi que le BAFTA (Grande-Bretagne) de la Hollywood et, pour notre héroïne, le Golden meilleure actrice étrangère aux British Academy Awards !
 
C'est aussi et surtout le triomphe auprès du public… Durant le tournage, elle aura épousé le chanteur et compositeur Pierre Barouh, son mari cascadeur pour le scénario du film
United Artists, leurs producteurs et Steve McQueen  la sollicitent pour «L’affaire Thomas Crown» (1968), proposition qu’elle rejette fermement, malgré l’amitié très forte portée à McQueen,, une flagrante erreur qu’elle regrettera plus tard. Elle préféra «Un soir, un train» (1968) pour un rôle étrange dans un film qui l'est tout autant, en compagnie d'Yves Montand
Elle poursuit sa carrière, séduisante et énigmatique espionne, avec «Justine» de George Cukor (1969). Enfin «Le rendez-vous» (1969) qu'elle prend avec Sidney Lumet fait d'elle un mannequin au regard triste constamment surveillé par un mari jaloux.
1969 à 1976 constituent des années de silence, à Londres, où elle s’implique totalement dans un rôle d'épouse modèle. Mais voilà, Claude Lelouch la convainct de revenir partager son nouvel opus (1976) avec Catherine Deneuve «Si c'était à refaire» (1976) .
1986 marque les retrouvailles, sur les plages de Deauville, du pilote automobile Jean-Louis Duroc-Trintignant et d'Anne Gauthier-Anouk, «Un homme et une femme, vingt ans déjà» (1986). «Les marmottes» (1993) ne constituent rien d'autre qu'une réunion de famille enneigé. «Prêt-à-porter» (1994) la glisse dans l’étincelante distribution imposée par Robert Altman. «La petite prairie aux bouleaux» (2002), qui n'a rien d'alléchant l'oblige à un douloureux pèlerinage au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau filmée par Marceline Loridan, elle aussi une rescapée de l'horreur. Elle fait ses ultimes apparitions, en mère mourante de Clotilde Coureau dans Tous les soleils (2010). Une carrière internationale, les meilleurs réalisateurs et de prestigieux et talentueux partenaires : Anouk Aimée fut une actrice comblée. Mais la gloire ne lui a jamais tourné la tête. Il y a chez elle une élégance rare, un charme intact, flamboyant.

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14/12/2019
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